• Quelques kilomètres plus tard, j'arrête le moteur au bord d'un petit groupe d'habitations. Nous accostons le premier couple de locaux en bafouillant les quelques mots de lao que nous connaissons ; ils ne parlent visiblement pas un mot d'anglais (ni de français d'ailleurs). S'en suivent 20 minutes d'échanges confus, de larges sourires et de langage des signes. Nous désespérons, l'homme nous renvoie perpétuellement sur la ville la plus proche. Comment lui faire comprendre que l'on aimerait rester quelque part dans ce "village" pour la nuit ?

    Nous abandonnons. Nous avons peut-être visé trop haut, surestimé la légendaire hospitalité lao. Après tout, si 2 touristes asiatiques débarquaient chez moi en mobylette en me parlant un patois incompréhensible, qu'est ce que je ferais ? Qu'est ce que l'homme lambda ferait dans cette situation ?

    Nous enfourchons la moto et enfilons nos casques. Un goût amer me prend à la gorge, celui de la déception.

    J'ai bien une idée mais mon estomac se noue à cette pensée. Je regarde Nina.

    "We are doing this the wrong way" lui dis-je.

    Je retire mon casque. Ils croient que nous sommes perdus ? Très bien ! Quitte à ne pas se comprendre, autant que cela serve.

    Je m'approche à nouveau du couple accompagné de Nina.

    Le langage des signes reprend.

    Je joins mes mains et les colle à mon visage en fermant les yeux puis je désigne successivement Nina et moi, le sol, leur maison. Nina a immédiatement compris et m'accompagne dans ma danse.

    "Dormir - Nous - Par terre - Chez vous"

    Après deux ou trois séries, je sens qu'ils ont compris. Ils se regardent et l'homme éclate de rire. Il nous parle en lao et rigole de plus belle. Nos deux protagonistes se regardent et échangent quelques mots.
    Est-il possible qu'ils envisagent l'idée de nous accueillir ?

    L'homme se tourne enfin vers nous, il rit encore mais nous répète à plusieurs reprises "Ok, ok" en nous faisant signe de le suivre.

    ...

    Regards incrédules.
    Est-ce vraiment en train d'arriver ?
    Nina empoigne le sac à dos et nous suivons notre nouvel hôte, abasourdis.

    Nous entrons dans l'humble demeure. L'homme nous fait signe de nous installer sur le canapé, sa femme nous apporte de l'eau et un régime de bananes naines. Nous restons plantés là, pas sur de ce que nous sommes supposés faire, alors nous observons de nos yeux écarquillés.

    Le couple a deux enfants, je crois. Ils détiennent une petite étale de produits essentiels, ce qui comprend également des sucreries, autant dire le paradis pour tous les enfants du coin qui passent leurs journées ici (lorsqu'ils ne sont pas à l'école). Ce petit commerce fait certainement d'eux les plus riches du quartier à en juger par leur maison, à moitié faite de bambou mais dont la partie principale est en béton.

    Les minutes passent, inéluctablement. J'essaie finalement d'engager une "conversation" et de me présenter. A force d'entêtement, je réussi à obtenir un prénom : Kanti (à l'orthographe près). Il essai ensuite de m'expliquer qu'il est chrétien, je ne comprend pas avant qu'il ne m'amène sa bible. Je dois avouer que je suis surpris de trouver un non-bouddhiste !
    Nous nous regardons, confus. Pas facile d'entretenir une conversation sans parler la même langue.

    Je décide alors de me tourner vers les enfants : pas besoin de discuter avec eux.
    Ils sont comme des chats sauvages et je suis un extraterrestre, impossible d'approcher à moins de cinq mètres. Mais le temps et la curiosité font leur œuvre.
    De cache-cache nous passons aux mimes. J'apprends des mots en lao dont je n'ai aucune idée de la signification.
    Pendant ce temps, un des enfant fouille dans mes affaires et trouve mon appareil photo. Voilà quelque chose qui devrait les amuser ! Bien sur ils savent ce que c'est mais je doute qu'ils aient souvent l'occasion d'en manipuler un.

    Premiers clichés.

    Ils comprennent vite comment ca marche, à eux de jouer !
    Sur la plupart des photos, on ne distingue qu'un pied, un doigt, un morceau de je-ne-sais-quoi. Mais les quelques images où nous apparaissons avec eux sont les meilleures qui aient traversé cet objectif.
    La soirée file et il est bientôt l'heure de se coucher. Kanti nous installe un matelas sur le sol et une moustiquaire, du luxe ! Je dors comme un bébé, jusqu'à 5h du matin, la journée commence tôt pour un Lao. Je reste au lit 2h de plus, en bon colon.

    Au réveil, le petit déjeuner ne se fait pas attendre : omelette, riz et bananes, un régale !

    Nous ne voulons pas abuser de leur hospitalité, nous emballons nos affaires. Quelques derniers efforts me permettent de récupérer l'adresse de Kanti. Photos souvenirs et remerciements chaleureux. Avant de partir, nous donnons 20.000 kip à Kanti, une misère pour nous (2€) mais qui devraient largement les rembourser pour la nourriture qu'ils nous ont offert.

    Nous reprenons la moto, prêt à battre la campagne pour de nouvelles aventures et d'autres belles rencontres.

    Merci énormément à cette belle famille. Ces quelques moments partagés avec une véritable famille lao ont quelque chose de magique que je n'oublierai pas.

     

    homestay


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  •  09/11/2010, Luang Prabang

     

    Notre petit groupe est arrivé hier à Luang Prabang après 2 jours de glisse sur le Mékong. Cette ville est magnifique. Certes la majeure partie de la population est composée de touristes mais la ville a gardé son charme. L'ambiance y est très française, on se sent chez soi. Beaucoup d'indications sont traduites en français, la majeure partie des bâtiments sont de cet inimitable style français colonialiste et à chaque coin de rue, on peut commander une crêpe nutella !

    Malgré tout je suis fatigué de visiter des temples et de photographier des Bouddhas. Je veux voir du pays, ou plutôt de l'arrière-pays, je veux voir le vrai Laos, celui des paysans qui n'ont pas grandi dans un office de tourisme géant.

    Comment sortir de Luang Prabang pour 1 ou 2 jours ? Je pense à louer une moto (plus proche du scooter qu'autre chose en fait)...

    C'est alors que Nina évoque le "homestay", en français, rester chez quelqu'un (pour la nuit). L'idée me plait mais là encore, comment qu'on fait ?

    Plan retenu : on loue une moto et on verra bien après.

    Après la location de la moto sur les coups de midi, nous partons en waterfalldirection des chuttes d'eau où nous rejoignons nos compagnons de route arrivés quelques minutes plus tôt en tuk-tuk. Ces chuttes d'eau surplombant des lagons aux eaux cristallines nous offrents des paysages de cartes postales. Là encore il y a foule, l'endroit est réputé et les touristes affluent même pendant "l'hiver". J'essai d'en faire abstraction pour profiter pleinement de ce lieu magique.

    L'après-midi file à toute vitesse et la nuit arrive très tôt dans ces contrées, à 16h il nous faut déjà partir.

     

    Nous reprenons la route. Je n'ai pas conduit de 2 roues depuis plusieurs années, quelle agréable sensation. Le vent me caresse le visage et je me gorge des paysages idylliques qui nous entourent. Je roule sans même savoir où je vais. Le soleil est bas dans le ciel, nous devons trouver un toit pour la nuit.

    Nous roulons sur l'une des rares routes goudronnées du Laos. Je sais que ce n'est pas le long de cette route que nous traverserons un village authentique. Pour preuve, les tuk-tuk de touristes qui s'arrêtent au bord de la route sont assaillis d'enfants, certes souriants et adorables mais agitants des centaines de bracelets et autres fioritures à vendre aux Occidentaux amadoués. Alors lorsque je vois cette route de cailloux et de poussière brunâtre s'échapper sur ma droite, je n'hésite pas : je m'arrête à la première étale pour acheter une bouteille d'essence et nous voilà parti je ne sais où - la route n'est même pas sur la carte.

     

    Allons nous trouver un endroit où dormir ou devrons nous rebrousser chemin jusqu'à Luang Prabang pour trouver une guesthouse miteuse ?

    La suite au prochain épisode...


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  • Juste après avoir passé la frontière pour entrer au Laos, j'ai pris le fameux (au moins dans la région) slow boat pour atteindre Luang Prabang.

    2 jours sur un bateau descendant tranquillement le Mekong, une expérience magique lorsqu'on prend le temps d'apprecier le paysage et que l'on peut partager ce voyage avec quelqu'un...

    Le bateau s'arrête dans un petit village pour la nuit. Pas très intéressant. Cette bourgade est une guesthouse géante ne vivant que des touristes s'y arrêtant pour passer une nuit.

    On mange, on dort mais surtout on ne s'attarde pas.

    L'expérience du bateau peut s'avérer beaucoup moins commode si l'on se retrouve à devoir s'asseoir directement sur le sol dans la salle des machines pendant toute une journée. Il vaut mieux ne pas arriver au bateau dans les derniers donc, car les capitaines ont peu de scrupules à entasser les touristes pour rentabiliser au maximum la traversée. Le meilleur côtoit souvent le pire...

    Quelques photos


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  • Chiang Rai, début novembre

    On rencontre beaucoup de voyageurs sur la route, de tout âge et de toute condition. Certains ont quitté leur vie pour 2 semaines, d'autres pour 10 ans.

    Mais il arrive parfois que l'on rencontre plusieurs fois les mêmes personnes. Preuve non pas que le monde est petit mais que les voies touristiques ont été tracées pour nous et qu'on a bien du mal à en sortir.

    Après 3 rencontres fortuites avec Nina, une allemande fort sympathique, je décide de descendre à la même guesthouse qu'elle. Elle a l'air bien renseignée et de surcroit, j'ai perdu (oublié serait plus juste) mon guide sur la Thailande dans un tuk-tuk (genre de taxi local)...

    A la guesthouse, nous rencontrons Francis, un americain d'Alaska qui renseigne Nina sur le VISA vietnamien. Après une seconde rencontre avec ce même Francis pendant le diner, nous nous mettons d'accord pour prendre le bus ensemble le lendemain matin en direction de la frontière avec le Laos.

    6 jours plus tard, nous sommes toujours ensemble. Voyager avec quelqu'un est bien plus commode et permet aussi de voyager moins cher. Alors lorsqu'on a une route commune, les mêmes projets et que les gens sont sympas, pas de raison de se priver.

    A notre trio sont venus s'ajouter une canadienne et un couple de néo-zelandais.

    Voyager seul est une illusion, on n'est jamais seul sur la route !


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  • 02/11/2010, Chiang Mai

    Je suis malade pour la 1ère fois depuis mon départ. Visiblement quelque chose ne passe pas...
    Je me lève à 6h30 comme prévu (de toute façon cela fait 2h que je ne dors plus) pour aller au camp d'éléphants, mais c'est en réalité pour dire à Bruno que je ne me sens pas bien et que je retourne me coucher.

    Je me réveille 3h plus tard, je me sens mieux. Malheureusement, ce n'est qu'un sursis.
    Une fois Bruno et Kritika partis, fort de ma santé retrouvée, je me rend en ville pour trouver un trekking de 3 jours dans la jungle à la hauteur de mes espérances et de mon budget - pas facile !
    Me voici en quête !

    Malheureusement, la recherche se trouve aussi infructueuse qu'annoncée. Les treks disponibles proposent une ribambelle d'activités pour touristes (visites de villages tribaux, stop aux cascasdes, bamboo rafting...) mais finalement très peu de marche ! Il faut que ça reste accessible à tout le monde - et c'est précisement ce que je veux éviter, le monde !
    Finalement, après des heures de recherche sous le soleil thailandais, le ventre vide et avec une sacrée fatigue, je trouve un trek. Ok c'est toujours touristique mais celui-ci comporte 1 journée complète avec les éléphants, exactement ce que je voulais faire avant !
    Comme prévu, c'était touristique mais c'était superbe.
    La journée avec les éléphants consiste à s'occuper d'eux, les nourir, les monter (évidemment) et les nettoyer.

    Pour les deux autres jours, balade en forêt. Et comme ici tout est plus grand (dans "tout" comprendre les insectes et les plantes), on appelle ça une rando dans la jungle.
    Le soir de la rando, nous avons dormi dans un petit village tribal tout en haut de la montagne. Ce genre de villages sont très vieux, ils ont leur propre culture et langue.
    C'était super pour les touristes que nous sommes mais je me suis senti vraiment gêné au milieu de tous ces gens, une légère impression de zoo humain. Mais après on se dit que ce tourisme leur permet aussi de vivre un peu mieux...

    Bon les photos de la jungle et des éléphants.


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